mardi 25 octobre 2011
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Sujet d'actualité qui ne passionne quasiment que les hackers ou les geeks : l'Internet tel qu'on l'a connu est de plus en plus menacé par des lois et des tendances marketing liberticides.
Le but politique affiché étant la régulation du Net, pour un "Internet civilisé", un "Internet responsable".

Pourquoi vouloir réguler le Net ?

On le sait, la pègre existe et circule aussi sur le Net, comme dans la rue. Pornographie, terrorisme, pédophilie, zoophilie, scatophilie, nazisme, hyper-violence, piraterie, banditisme...
Le Net à remplacé le papier, même clandestin (surtout clandestin). Et il est même devenu beaucoup plus accessible sur ce nouveau média.

La régulation d'Internet voudrait donc fermer l'accès aux internautes, à tous ces contenus néfastes.

Cette fin louable et de bonne intention est défendue main dans la main, par de nombreux politiques et lobbys. Des lois et des mesures ont été mises en place en ce sens, non-seulement en France, mais dans de nombreux pays !

Il y a aussi une réelle volonté de contrôle totalitaire par les États, même des plus démocratiques !
Le salon sur la sécurité intérieure des États : Milipol 2011 (interdit au grand public !), annonce une inquiétante couleur : est à l'honneur la militarisation de la sécurité intérieur, avec des solutions de contrôle et de destruction massives, dont l'espionnage et le filtrage des communications, Internet compris. Sécurité intérieure ? ...Pas vraiment, c'est comme si les États partaient en guerre contre leur propre peuple. Effrayant !
En Allemagne, un mouchard gouvernemental (mal sécurisé en plus) à été découvert. La France, quand à elle, possède le cadre juridique pour en voir fleurir plusieurs. Et elle s'est même équipée de moyens de filtrage incroyables, utilisés par les dictatures qui se sont illustrés lors des révoltes du printemps arabe (!)...

L’internet
versus
L’internet civilisé ou responsable

L’internet :
L’internet par sa définition originelle, c'est la capacité universelle à accéder à tous les contenus, services et applications, et également d'en envoyer. Et c'est donc cette capacité de participation universelle qui fait l'Internet.
Et c'est bien parce que cette capacité est universelle qu'Internet est ce formidable média de communication et d'expression planétaire.
Découle de cette définition, le fait que le contenu d'Internet gratuit et accessible à tous est un bien commun, puisque créé par tous et offert à tous.
Ce modèle implique aussi une notion très importante, qui est la neutralité du média :
Comme pour La Poste, ou le téléphone, Internet doit transmettre fidèlement à chacun le même et véritable contenu. Plus de neutralité, l'internaute n'accède plus "à tous les contenus, services et applications" de façon universelle. La neutralité assure que tout internaute accède au même Internet que son voisin (ni trafiqué, ni bridé).

Internet sorti de cette définition, ce n'est plus Internet !

L’internet dit "civilisé" ou "responsable" :
L'internet civilisé ou responsable n'est donc plus de l'Internet : c'est un réseau privé et non universel, comme le Net à la chinoise. Mais aussi "Internet par Orange" n'est plus Internet, c'est le microcosme Orange payant, régit par Orange, pour Orange. Pour les même raisons, Internet par Apple n'est plus Internet...
Internet et Internet bridé

De même que l'architecture du réseau Internet devient de plus en plus multiple-centralisé, au lieu d'être a-centré. De cette façon, les fournisseurs d'accès à Internet ont alors la possibilité de filtrer, brider, etc. "leur Internet", car ils en contrôlent l'entrée et la sortie.
Même chose pour la mode du "tout sur Internet" : le cloud computing. Ce n'est plus Internet, c'est un nouveau minitel, tout est sur les serveurs distants, vous n'êtes même plus physiquement maître de l'accès à vos données ! L'éditeur du service peut faire ce qu'il veut !

Mis à part ces considérations fondamentales, l'Internet civilisé et responsable veut fermer l'accès à tout internaute, aux contenus jugés illicites, choquants, ou amoraux.
Concrètement, c'est du filtrage, de l'espionnage, du bridé, etc. Et cela, sur des critères absolument flous, car subjectifs :
camera surveillance
Qui, au nom de toute l'humanité, peut prétendre juger de ce qui est choquant de ce qui ne l'est pas, de ce qui est amoral de ce qui ne l'est pas, de ce qui est licite de ce qui ne l'est pas (il n'existe pas, à ce jour de législation planétaire complète et effective) ?
Va-t-on, comme cela s'est produit en Australie, interdire l'accès à des sites taxés de pédophilie dont la majorité de ceux-ci n'en n'ont rien à voir, au final ?
Va-t-on, comme actuellement en Angleterre, brider toute connexion Internet par un filtrage des sites pornographiques (et bientôt on ne sait quoi, certainement), et proposer la levée du filtrage sous forme d'option du service ? (Option dont la réclamation se fait publiquement, devant le commercial. Bonjour le respect de la vie privée !)

L'âge est aussi un critère déterminant de permission d'accès au contenu. Or, un filtrage ou une restriction globale ne peut permettre de discriminer l'accès aux contenus selon l'âge de chacun. On ne permet pas l'accès aux même contenus pour un adulte que pour un enfant de 10 ans.
De même que l'éducation familiale n'appartient pas à l'État, mais à chaque parent ou éducateur, dont les permissions dépendent de leur sensibilité et de leur opinion.

Enfin, il y a clairement une impossibilité technique pour filtrer l'Internet à l'intérieur du Réseau, de quelque façon efficace que ce soit. Demander un tel filtrage, c'est comme vouloir arrêter une rivière à deux mains :
Il existe une foultitude de moyens techniques de contournement, qu'il serait impossible de tous les citer. D'autant plus que ceux-ci évoluent à mesure qu’apparaissent les restrictions. C'est une véritable course de moyens techniques, vaine et coûteuse.

L'internet est-il irresponsable et non-civilisé ?

Notons d'emblée, que l'expression "Internet civilisé" nous vient tout droit du discours gouvernemental chinois. C'est une telle référence douteuse, que cette expression à subitement été remplacée par "Internet responsable" depuis le dernier e-G8... Bien qu'il s'agisse de la même idée, au fond (nous y reviendrons).

On voudrait donc nous faire croire qu'Internet est un lieu de non-droit et barbare, dont la responsabilité ne repose sur personne...
On croit rêver !
danger internet
On l'a répété à l'envi, Internet n'est pas une zone de non-droit. Si c'est un scoop pour vous, je vous invite à lire cet interview de Cedric Manara (professeur de droit à l’EDHEC) par le site Écrans.fr.
Concernant la pédophilie par exemple, la France possède un système juridique et policier déjà heureusement efficace. A ce jour, on ne compte aucun site web de contenu pédophile sur le sol français car trop facilement repérable...

Ensuite, si Internet était barbare, une encyclopédie universelle de l'envergure de Wikipédia n'aurait jamais pu voir le jour.
Combien de fois n'a-t-on pas dit qu'Internet était "le savoir à portée de clic" ?! A tel point qu'Internet est devenu le canal privilégié du partage et de la diffusion du savoir du XXIème siècle !

Enfin, Internet est loin d'être irresponsable. Affirmer cela, c'est insulter la démocratie :
La logique politique originelle d'Internet est celle du pouvoir et du contrôle égalitaire, socle de la démocratie. Le pouvoir et le contrôle d'Internet est absolument divisé par le nombre d'internautes. Internautes, qui rappelons-le, sont les mieux placés pour jouer ce rôle car ce sont eux qui font le contenu d'Internet.

Internet civilisé par qui ?
Sous la responsabilité de qui ?

Mais passons ! Imaginons que l'Internet civilisé et responsable soit possible, tout en restant de l'Internet... XD

Puis analysons les mesures appliquées ou désirées par nos chers politiques : qui donc sera alors responsable de la civilisation d'Internet ? L’état !
Et ceci, je précise, sans l'intermédiaire d'un juge ! (indépendant, impartial, un juge, quoi !) Oui, c'est dans la loi Loppsi, actuellement effective.
L'État pourra censurer tout contenu, fermer tout site web qui ira à l'encontre de son jugement (au revoir, liberté d'expression). Le pouvroir politique s'assoit donc, jusque sur Internet, au mépris des libertés de l'internaute.
le gouvernement vous protège contre la réalité
Ça ne vous rappelle rien, un régime politique qui s'assoit sur les libertés de sa population ? En particulier la liberté d'expression ...

En résumé :
L’état se fait le colon justicier du Net. Lui-seul sera le maître de la diffusion de tout son contenu. D'autant plus si la toile est devenue le canal privilégié de l'information et du savoir : L’état contrôlera tout cela de son propre jugement... Totalitarisme, oui, mais c'est pour votre bien, hein ! ;D
Bienvenu à Moscou !... Ah, non ? Chine alors ! Non ? En France ?!!!

Comment gère-t-on les dérives du Net ?

C'est bien triste, je l'avoue. Je vais donc vous remonter un peu le moral en vous expliquant comment réguler Internet, comme il a toujours été fait : en respectant l'intégrité d'Internet et les libertés de l'internaute !

Les dérives sur Internet ne sont pas nouvelles. Comment s'en est-on sorti jusqu'ici pour conserver notre formidable Réseau et nos libertés ?
Eh bien c'est très simple : le pouvoir et le contrôle d'Internet devant toujours revenir à chaque internaute, il suffit de lui fournir les outils nécessaire pour assumer sa responsabilité.

Si malheureusement c'est impossible, il faudra alors donner les moyens nécessaires à la justice démocratique (donc indépendante du pouvoir législatif) de chaque état, de juger équitablement des abus et différents.
Pas besoin d'une autorité totalitaire : on est en démocratie. C'est aussi simple que cela.

La traque des criminels :
La chasse au crime n'est pas destinée aux fournisseurs d'accès ou à toute autre instance marchande privée. Elle est réservée aux forces de sécurité intérieure, - indépendamment de la classe politique - !
Toutes les mesures d'espionnage et de filtrage de la population aggravent les difficultés d'enquêtes cybercriminelles : elles provoquent une généralisation des dispositifs de dissimulation et d'anonymat total. Alors réservés aux activités mafieuses, l'anonymat complet, le chiffrage des communications, le cryptage des données devient anodin. Comment différencier une archive cryptée de documents criminels, d'une autre contenant de bêtes copies illégales de films ? Cette vulgarisation des moyens de dissimulation profite à tous les secteurs mafieux et criminels (la pédophilie, par exemple).
Voilà ce que fait la politique qui veut se mêler de ce qu'elle ignore !

Le filtrage pour mineurs :
On l'a vu, le filtrage du contenu sur Internet pour préserver l'éducation des enfants, est nécessaire. Également, la généralisation du filtrage est d'autant plus inefficace que liberticide.
Il faut donc décentraliser le filtrage. C'est aux parents et aux éducateurs qu'il faut donner des moyens souples et paramétrables pour filtrer ce qui rentre chez eux. De cette manière, chacun pourra toujours accéder au véritable Internet, comme il l'entend. Et ces moyens existent déjà.

Bien-sûr, ces logiciels de filtrage (comme les bloqueurs d'images de nus par exemple), ou de contrôle parental sont plus ou moins facilement contournables. Tout comme l'éducation des enfants. L'éducation, qu'elle soit nationale ou familiale, est loin d'être exempte de failles de contournement.
Internet, qu'on le veuille ou non, fait partie du monde extérieur. Et par-là, l'approche d'Internet par votre enfant doit être un processus éducatif aussi important que l'approche de la rue.

Il faut donc que les parents et éducateurs soient informés des possibilités, risques et recours liés à Internet. La récente mise en place d'un numéro vert au service des parents en recherche de ces informations est une bonne initiative. Mais c'est un début qui arrive bien en retard !

Avis donc, à l'Éducation Nationale : il serait judicieux de donner les moyens nécessaires aux professeurs pour enseigner aux élèves autre chose que jouer avec Google et Ms. Word.

La vie privée :
L'éducation au respect de la vie privée passe aussi par Internet. Que ce soit envers soi-même ou envers autrui.
Comme un numéro de téléphone est une donnée de l'ordre du "presque confidentiel", il en va de même pour une adresse e-mail. La plupart des logiciels de contrôle parentaux ont un bloqueur de publication d'infos personnelles, qui est très utile.

L'anonymat et le pseudonymat ne sont ni superflus, ni décoratifs. Ce sont des outils importants sur Internet : ils évitent le harcèlement, le spam, ou les abus et les représailles en cas de dénonciation justifiée.

Les arnaques :
L'éducation des personnes face aux arnaques et aux publicités malveillantes sur Internet est également importante. Des collectifs existent, dénonçant telle ou telle pratique abusive dont il est bon de connaître.
Des outils existent : antivirus, anti-spywares, bloqueurs de publicités, filtre anti-spam, options anti-phishing... etc.

Je n'ai pas tout en tête, mais sachez aussi que, même sur le Net, la loi vous donne aussi l'occasion de nombreux recours très utiles !

Vive l'Internet libre et bon surf !

Ressources sur le sujet :

2 commentaires:

Anonyme a dit…

soutenez notre campagne d'information à ce sujet.

Linkez : Neutralitedunet.be

Merci d'avance

Anonyme a dit…

Merci pour ce lien, les articles ont l'air très intéressants. Je linkerai sans doute un ou plusieurs de vos articles en lien avec mes futurs billets.
Bonne campagne d'infos !

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